Un candidat à la prochaine élection présidentielle en Russie a recueilli un soutien important depuis samedi. Prenant position contre le conflit en Ukraine et se positionnant comme le candidat de la paix, Boris Nadejdine s’est déclaré candidat pour rivaliser avec le leader du Kremlin lors des élections à venir. Mais pour y parvenir, il doit réunir 100 000 signatures des électeurs éligibles d’ici le 31 janvier. Retour sur le parcours de cet ancien député libéral qui ambitionne « d’arrêter la mobilisation » et d’apporter le changement.
Nadejdine proche de l’opposant assassiné Boris Nemtsov
Boris Nadejdine, originaire d’Ouzbékistan, est né en avril 1963. Il a occupé diverses positions dans le paysage politique, s’alignant d’abord sur l’opposition libérale, puis s’orientant vers des mouvements associés au pouvoir.
Député à la chambre basse du Parlement, la Douma, de 1999 à 2003, il s’est toujours opposé au camp présidentiel. Nadejdine entretenait des relations étroites avec Boris Nemtsov, une figure éminente de l’opposition, victime d’un assassinat en 2015. Ces dernières années, Nadejdine, autrefois conseiller municipal à Moscou, a montré une affinité croissante pour les groupes politiques plus proches du Kremlin, même s’il n’a pas pleinement adhéré à leur idéologie.
Exprimant son opposition à l’action militaire russe en Ukraine, le candidat de soixante ans a souligné son engagement pour la paix lors d’un débat sur YouTube. Il a déclaré que s’il était élu président, sa priorité absolue serait d’appeler à la fin du conflit et de mettre fin à toute nouvelle mobilisation. Il a soutenu que la Russie devrait organiser une élection présidentielle pour apporter un changement et a critiqué l’offensive de Vladimir Poutine sur Kiev comme une grave erreur qui conduirait le pays vers la catastrophe.
En Russie, il est rare de trouver des personnalités publiques qui s’opposent à l’agression contre l’Ukraine, sous peine d’être emprisonnées ou contraintes de quitter le pays .En revanche, tous les autres candidats à la présidence qui ont des liens avec le régime et qui expriment leur soutien pour les actions du Kremlin contre l’Ukraine mais aussi pour Vladimir Poutine lui-même ,ont réussi à éviter d’être la cible de la répression généralisée qui a gravement affaibli la société civile depuis l’invasion de l’Ukraine en février 2022.
Selon différents médias, Boris Nadejdine serait la voix de l’opposition choisie par le Kremlin pour donner une légitimité aux prochaines élections de mars, une pratique courante lors des élections présidentielles dans le pays. Il est à noter qu’il est le seul candidat à avoir obtenu l’autorisation des autorités de rassembler les signatures requises pour sa candidature, renforçant ainsi cette hypothèse.
Son programme comprend plusieurs objectifs clés : mettre fin à l’opposition systématique contre les puissances occidentales, accorder l’amnistie aux prisonniers politiques et réduire autant que possible la dépendance de la Russie à l’égard de la Chine.
Boris Nadejdine bénéficie du soutien notable de l’ancien patron de Yukos, une importante compagnie pétrolière russe, ainsi que de Lyubov Sobol, un proche d’Alexeï Navalny. S’il semble peu probable que le candidat du parti « Initiative civique » ait de réelles chances lors de l’élection, alors que Vladimir Poutine devrait remporter une victoire significative, sa candidature a suscité un niveau de mobilisation sans précédent à Moscou. Des centaines d’habitants ont été filmés en train de faire la queue devant son bureau de campagne lundi, désireux de signer pour sa candidature.
Nadejdine comme « nadejda » « espoir » en russe
Selon le site Internet de Boris Nadejdine, un total de 85 000 signatures ont été rassemblées. les raisons de cette remarquable mobilisation est que pour de nombreuses personnes, ce mouvement offre une plate-forme sûre pour exprimer leur mécontentement face aux événements actuels, sans craindre de subir des répercussions telles que l’arrestation ou le licenciement. Beaucoup de personnes trouvent leur inspiration dans le nom de famille du candidat lui-même, car il partage sa racine avec le mot russe « nadejda » signifiant « espoir ».
Même s’il réussit à rassembler toutes les signatures, rien ne garantit que Boris Nadejdine pourra participer à la prochaine élection présidentielle en mars. La commission électorale a le pouvoir d’examiner minutieusement et d’authentifier les signatures avant d’approuver sa candidature.